L'église a pour titulaire et patron : St-Julien.
St-Julien de Brioude, né à Vienne, cité des
Allobroges. Soldat, fuit le Dauphiné ou sévit la
persécution ordonnée par l'empereur Julien, son
homonyme. Déserteur et chrétien, il se cache en
Auvergne en attendant, des jours meilleurs. Mais
dénoncé, Julien se rend au juge afin de ne pas
compromettre la personne qui l'avait abrité. Sur son refus
d'apostasier, il meurt décapité près de Brioude
vers 342. Ses reliques furent découvertes en 431 par
St-Germain d'Auxerre, et ses miracles racontés par
St-Grégoire-de-Tours.
Elle possède une nef, remaniée au XIXème siècle,
ouvrant sur un chevet plat, et un bas coté constitué
en deux chapelles voûtées d'ogives à nervures
à quatre quartiers, retombantes sur des culots ouvragés
ornés d'angelots, très mutilés.
Ces chapelles sont de toute évidence la partie la plus
ancienne de l'église et remontent au XIIIème
siècle environ.
Jusqu'à la moitié du XVIIIème siècle la
chapelle située à l'est était
dédiée à Sainte-Anne.
Les enfants du village y étaient enterrés.
Depuis, elle est dédiée à Saint-Julien (Don
de la statue de St-Julien par Mr d'Ainésy le 14 juillet 1848).
La chapelle située à l'ouest était
dédiée à Saint-Antoine, depuis elle est
dédiée à Marie.
Lors de l'inventaire réalisé en 1996, nous avons
retrouvé la facture de la statue de la Vierge datée du 23
mars 1859.
C'est dans cette dernière chapelle, qu'en 1998, à
l'occasion de travaux, nous avons découvert une fresque datant
du XVème siècle, endommagée certes, mais
très intéressante, elle représente les 7
péchés capitaux.
Les membres de la famille de Vintimille décédés
à Montpezat étaient enterrés dans cette
chapelle.
Dans son clocher l'église possède une cloche
datée de 1530, c'est une des plus anciennes du
département.
On peut lire, sur les portes, un texte en provençal de
Frédéric Mistral :
Campano, vouis de dieu
A nostis alegresso
Apounde te trigoun
E, pietadousamen
Sus nostis amaresso
Escampo ti plagnoun
|
Cloche voix de dieu
A notre joie
Ajoute ton carillon
Et pieusement
Sur notre amertume
Répand ton glas
|
Curés et vicaires ayant officié à
Montpezat :
1670-1681
1681-1785
1745-1790
1790-....
1835-....
1892-1894
|
Bourillon Jacques
Vassal Pierre-Antoine (Enterré dans la nef à
l'âge de 45 ans.)
Aicard Pierre
Farge D.-E.
Maubert Lazare
Gustave Jean
|
Les sépultures
Du Vème au XIème siècle, l'église
n'était pas seulement un sanctuaire destiné au culte,
toute la vie civile venait y affluer, quand il n'y avait pas d'autre
organisation rurale que la paroisse.
Près de l'autel se faisaient les affranchissements ; sous
l'atrium se rédigeaient les actes, les échanges, les
donations, les ventes.
On ne sera pas surpris, si le lieu saint paraissait
particulièrement désigné pour les
sépultures. Beaucoup de gens tenaient à être
ensevelis dans l'église même, dans l'espérance
de s'assurer la protection du saint à qui elle était
dédiée. Depuis longtemps cette pratique était
mal vue des autorités ecclésiastiques. Elles
répugnaient à donner la sépulture près de
l'autel où se célébraient les saints mystères,
à des hommes qui peut être n'avaient pas
été admis parmi les élus du ciel.
Si l'église désapprouvait l'inhumation à
l'intérieur de l'édifice sacré, par contre, elle
recommandait d'enterrer les défunts dans le terrain attenant
à l'église. Ce lieu de repos consacré par une
bénédiction spéciale, était une annexe
normale, presque un prolongement de l'église.
A Montpezat, le cimetière est attenant à
l'église depuis le XVIIème siècle, peut
être antérieurement. Les morts étaient
enterrés à leur dernière volonté ou celle
de leur famille soit dans le cimetière, soit, à
l'intérieur de l'église. Il est probable qu'aux
périodes d'épidémies de peste, des morts furent
ensevelis hors du cimetière, au début des années
1990, à l'occasion des travaux de mise en place de l'arrosage
automatique, des ossements ont été découverts,
aux alentours de l'église et du cimetière.
En 895, le concile de Tibur décida qu'à l'avenir, aucun
laïque ne serait enseveli dans le temple ; "seuls les
prêtres qu'avaient laissé une sainte réputation y
pourraient reposer". (MAUSI TI, p 132).
Malgré ces protestations, on continuera à ensevelir
dans les églises, des morts sans distinction.
En 1998 au cours des travaux réalisés dans notre
église, et précisément à l'occasion de la
réfection du carrelage de la nef, du cœur, et des deux
chapelles, il a été mis à jour des ossements
sous l'ancien carrelage.
Il est d'ailleurs regrettable qu'au moment précis de cette
découverte, les autorités municipales n'aient pas
été averties et que ces ossements aient fait l'objet
d'un bennage parmi des gravats, sans aucune règle de respect
et qu'ils se soient retrouvés sur un chemin afin de le le réempierrer.
C'est à ma demande qu'ils ont été
récupérés et mis en fosse d'attente au
cimetière de Montagnac.
C'est ainsi qu'à Montpezat, ont été
enterrés :
Dans la chapelle St-Antoine, (aujourd'hui dédiée
à Marie), chapelle ouest :
1673 - Jean Comte de Vintimille à l'age de 78ans.
1674 - Jean Baptiste de Mercadier à l'age de 78ans.
1675 - Francoise d'Arnaud.
1681 - Madame de Mercadier.
1691 - Charles de Vintimille.
1698 - Marie de Vintimille.
1698 - Joseph de Vintimille.
1708 - Anne de Mercadier.
C'est dans cette chapelle qu'ont été découvertes
les fresques.
La famille de Vintimille l'avait choisie comme dernière
demeure.
Dans la chapelle Ste Anne, (aujourd'hui dédiée
à St Julien), chapelle est :
1701 - Sauveur Gelin.
1701 - Elisabeth Gelin.
1701 - J. Baptiste Nostolat, 8 mois.
1701 - Françoise Bourges, 5 mois.
1702 - Anne Bœuf, 7 mois.
1702 - Elisabeth Piston, 3 mois.
1703 - Joseph Auguier, 3 mois.
1704 - André Bourges.
1704 - Pierre Bourges.
1705 - Marie Auguier, 4 ans.
1705 - Hélène Bourges 4 ans
1705 - Esprit Exguier, 13 ans.
1705 - Honoré Ferre, 6 ans.
1705 - Marie Ferre, 1 ans.
1705 - Martin Mandin, 20 jours.
1708 - Magdeleine Mandin, 22 mois.
1709 - Marguerite Bœuf, 2 ans.
1709 - Gabriel Foucou, 6 ans.
1709 - Rose Exguier, 14 mois.
1710 - Claire Besse, 18 ans.
1711 - Magdeleine Bœuf, 20 ans.
1724 - Louis Aillaud, 7 ans.
Manifestement, cette chapelle était réservée
à l'inhumation des enfants.
Dans la Nef :
1677 - Joseph Robbol.
1687 - Anne Dollez.
1693 - Anne Escudier.
1705 - Catherine Monge, 42 ans.
1706 - Louis Foucou, 80 ans.
1712 - Elisabe Foucou, 36 ans.
1712 - Catherine Foucou.
1716 - Marie Nostolat.
1720 - Gaspard Goin.
1720 - Catherine Ardoin.
1745 - Pierre Vallat, 45 ans, Vicaire.
1762 - Louis Imbert.
1762 - Jeannine Serre.
1762 - Balthazar Serre.
Sur la porte du cimetière on peut lire ce texte,
signé "Charlun" :
Aqui lou viage se termino :
Vuer es per iue, deman per tu ;
Urous aqueu que cé camino
Dins lou draiou de la vertu.
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Ici le voyage s'achève :
Aujurd'hui pour moi, demain pour toi ;
Heureux celui qui s'y achemine
Dans le chemin de la vertu.
|
Les travaux
"Le 19 décembre 1751 le conseil de la communauté du
lieu de Montpezat a été assemblé aux formes
ordinaires par devant Pierre Paul Escudier Lieutenant de juge,
à la requête de Denis Ferre, et, Antoine Ferre, 1ers
consuls de la communauté ont été présents
François Foucou, Jean Sape, Jean Michel Chaud, François
Ferre, Jacques Foucou, Joseph Sape , Jean Pierre Bourges."
C'est au cours de ce conseil qu'a été
décidé : "de faire des travaux convenables à
l'église qui se trouve dans un mauvais état, le contrat
de bail sera passé à celui qui en fera la meilleure
condition. Les réparations méritent en ce qui concerne
le corps de l'église et la chapelle Ste-Anne sera enduite en
dedans où il sera nécessaire, de mortier
constitué de chaux et de sable du Verdon, et ensuite le tout
sera blanchi avec du plâtre blanc. S'il manque des tuiles la
communauté les fournira et tous les autres matériaux
seront fournis par le libérateur, même les moellons
nécessaire pour le plain pied du corps de l'église et
de la chapelle Ste Anne".
"Le conseil donne pouvoir aux 1ers consuls de faire payer aux
pauvres du lieu les quarante livres de la taxe de capitation,
conformément à la lettre de Monseigneur l'Intendant."
"Sont nommés taxateurs : Marc Aillaud, ménager, et
François Foucou.
Pour les travaux il sera procédé à trois
enchères de huitaine, huitaine et huitaine.
Après le contrat de bail sera passé à celui qui
fera la meilleure condition."
"La première enchère du 19 décembre 1751 a
été prononcé par l'organe de Joseph Jean, valet
de ville , par tous les lieux et carrefours accoutumés du
lieu.
Se sont présentés honnêtes et clairs :
- Constant, maçon d'Artignosc et a offert de faire les
travaux pour la somme de 150 livres, 1/3 payable le jour de
passation, 1/3 le travail moitié fait et le dernier tiers le
travail fait et accepté, promettant avoir fini le mois
d'août prochain.
- Gaspard et Grégoire Poitevin, maçons de Montagnac
ont offert la somme de 145 livres pour la réalisation des
travaux."
"Deuxième enchère le 26 décembre 1751,
personne ne s'étant présenté, elle est
renvoyée à la troisième et dernière
enchère."
"Troisième enchère le 2 janvier 1752, s'est
présenté Monsieur Chaspoul, maçon de
Montagnac.
Le prix a été délivré au dit Chaspoul
comme plus offrant et dernier enchérisseur pour la somme de
135 livres payables conformément aux offres
précédentes.
Le dit Chaspoul a signé avec Denis Ferre consul et nous
greffier, le dit Antoine Ferre autre consul, et le dit Joseph Jean
valet de ville."
Les 100 coups de Midi
Aujourd’hui vendredi 14
septembre 2001, le glas a sonné à Montpezat, ce matin, le ciel est
couvert et menaçant, depuis 8heure il pleut.
triste journée
direz-vous ? et bien non, c’est au contraire un grand bonheur.
Pas une goutte d’eau n’est
tombée depuis le 27 juillet, c’est vous dire que cette eau est la bien venue,
la nature va reprendre des couleurs, malgré l’automne si proche.
J’ai préparé mon repas, et
m’apprête à passer à table, installé
devant la télé, il est 11h55 ; à cet
instant, « Edition spéciale »
s’inscrit sur l’écran, le présentateur
annonce, que toute l’Europe et toutes les villes de France, vont
observer 3
minutes de silence, et qu’au même moment le glas
résonnera dans les clochers
des églises, en la mémoire des victimes des attentats sur
les villes de New
York et Washington.
J’abandonne tout et je me
précipite à l’église, elle est encore ouverte, Manuel y travaille sur la
fresque. Je lui explique les faits, il éteint son poste de radio, pour lui
aussi observer un instant de silence.
Et je fait égrener 100 coups
sur la vieille cloche.
En ce geste j’ai voulu au
nom de tous les miens et tous les présents ce jour à Montpezat, rendre hommage à tous les
morts de cette tragédie, et manifester contre l’horreur des actes terroristes.
Le ciel aussi
y avait mis du sien,
Il avait versé
quelques larmes le matin.
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